Enfant âgé de 11 ans, présente une incapacité à la marche immédiatement après
une chute sur les fesses en glissant sur un toboggan assez raide. Pas de
récupération après 10 jours d’évolution. Tous les examens sont normaux.
Diagnostic de trouble fonctionnel neurologique. Pas d’autres antécédents.
Description clinique
Déficit de la force musculaire des 2 membres inférieurs.
Il a l’impression de ne pas bien les sentir.
Ne peut mettre un pied devant l’autre, même soutenu (voir video1).
Vidéo 1
Stimulation magnétique et évolution
Cette observation date de 1998. La stimulation magnétique transcrânienne large champ a été appliquée (60 chocs à 1 HZ) uniquement.
L’amélioration a été immédiate. Il a pu remarcher et courir et il ressentait à nouveau ses jambes normalement (voir video2).
Vidéo 2
Commentaires
Dans ce type de situation « simple », sans psychopathologie associée, l’évolution est habituellement favorable spontanément,
mais parfois après quelques semaines. La stimulation magnétique, dans ces situations, restore, presque systématiquement et immédiatement,
une fonction motrice normale et évite la prolongation des symptômes et de façon certaine, un passage à la chronicité.
La stimulation centrale est souvent suffisante. Le mécanisme en cause est probablement un phénomène dissociatif de type reflexe :
un traumatisme physique focalisé sur le corps, parfois modéré, va entraîner une perturbation du contrôle central dans le même territoire.
Il n’y a probablement pas, dans ce cas, d’implication d’une croyance sur la maladie qui perturberait les prédictions sur les influx sensori-moteur
et l’agentivité (l’idée que nos mouvements nous appartiennent) (Théorie la plus répandue actuellement).
Déficit Moteur et/ou Sensitif - Patient 2
Dominique Parain MD PhD
Historique
Il s’agit d’une patiente de 44 ans qui présente depuis 10 ans une paraplégie
totale d’apparition brutale après un choc émotionnel. Elle n’avait pas d’autres
antécédents ni de psychopathologie évidente. Toutes les investigations ont été
normales. Elle a fait, après l’apparition de la paraplégie, 2 séjours de
plusieurs semaines dans un hôpital psychiatrique (sans amélioration) car elle a
été considérée comme une patiente atteinte de troubles purement psychiatriques.
Description clinique
Lors de la première consultation, elle était incapable de se tenir sur ses
jambes, même soutenue, et avait une impression de ne pas bien sentir ses membres
inférieurs, sans trouble majeur de la sensibilité. Elle ne se déplaçait qu’en
chaise roulante (voir video1).
Vidéo 1
Stimulation magnétique et évolution
Sur la video1, faite en 2001, après la première séance de stimulation purement
transcrânienne « large champ » (60 chocs à 1 HZ au seuil moteur), elle pourra se
maintenir debout, maintenue, mais avec un gros trouble de l’équilibre. Un mois
après, suite à des séances de stimulations identiques hebdomadaires, elle pourra
remarcher de façon autonome, mais encore maladroite (video2). Elle va guérir
complétement avec des séances de rééducations, sans rechute.
Vidéo 2
Commentaires
C’est une histoire typique de paraplégie fonctionnelle après trouble émotionnel.
La prise en charge, purement psychiatrique, avec hospitalisations, a
profondément perturbé la patiente qui « savait qu’elle n’était pas folle ».
Après 10 ans d’évolution de ce type de trouble, les guérisons spontanées sont
rares. Elle a particulièrement bien réagit à la stimulation uniquement centrale,
car ces patients pris très tard peuvent être résistants à ce type de prise en
charge. La stimulation périphérique, utilisée de façon systématique depuis
seulement quelques années, aurait augmenté ses chances d’amélioration. L’origine
« dissociative » du trouble par perte du contrôle d’une fonction après stress
émotionnel, parait, ici, la plus vraisemblable. La stimulation centrale, en
créant des courants électriques circulaires intra cérébraux larges,
rétabliraient des connexions responsables de ce contrôle.
Déficit Moteur et/ou Sensitif - Patient 3
Dominique Parain MD PhD
Historique
Cette jeune fille de 16 ans présente depuis 6 mois plusieurs accès de paralysie
du pied gauche avec trouble majeur de la sensibilité. Lors du premier accès, la
paralysie est survenue durant le sommeil, durant la nuit qui précédait la
reprise de l’école. Elle ne décrivait pas d’angoisse scolaire particulière et le
bilan psychiatrique est revenu normal. Elle va faire une dizaine d’accès du même
type, dans les mêmes circonstances, résolutifs spontanément en une quinzaine de
jour.
Description clinique
Je vois cette patiente au troisième jour d’un accès. Elle traîne son pied comme
un boulet. Elle ne sait pas exactement où se trouve son pied (voir vidéo 1). A
l’examen clinique, il existe un déficit majeur de la force des muscles de la
jambe et du pied. La sensibilité tactile est conservée de façon modérée jusqu’au
genou mais il y a une abolition totale de la sensibilité algique et surtout
proprioceptive (elle est incapable de savoir si son gros orteil est vers le haut
ou le bas) (voir vidéo 2).
Elle présente aussi plusieurs symptômes de SED hypermobile avec une hyperlaxité
importante.
Vidéo 1
Vidéo 2
Stimulation magnétique et évolution
Après stimulation magnétique transcrânienne, il n’y a aucune amélioration. Seule
la stimulation périphérique à haute intensité et haute fréquence (100% en
intensité et 8 HZ en fréquence) permet de rétablir la sensibilité proprioceptive
(voir vidéo 3). Une fois la sensation proprioceptive rétablie, les stimulations sur
les muscles correspondant vont rétablir la fonction motrice (voir vidéos 3 et 4). La
patiente va pouvoir remarcher sans canne (voir vidéo 5) et récupérer
complètement.
Elle fera 2 autres rechutes, contrôlées immédiatement par la stimulation puis
les symptômes vont complètement disparaître.
Vidéo 3
Vidéo 4
Vidéo 5
Commentaires
J’ai pu observer plusieurs adolescents faire des phénomènes de paralysie au
retour de vacances sans angoisse scolaire vraiment identifiée. Le facteur
déclenchant est donc modéré, traduisant une véritable fragilité de la
connectivité cérébrale. Une fois que le processus a été initié, il peut se
répéter. Cette observation montre de façon très claire la puissance de la
stimulation magnétique périphérique pour réactiver certaines fonctions
cérébrales. Ici, ce type de stimulation est le plus efficace pour rétablir la
sensibilité en créant des courants en profondeur qui vont stimuler les filets
sensitifs profonds et réactiver les circuits de la sensibilité au niveau central. L’origine du trouble est, ici, manifestement de type dissociatif. Cette méthode
de traitement nous apprend également, et c’est pareil chez tous les patients qui
ont des troubles majeurs de la sensibilité, qu’il faut d’abord chercher à
rétablir la sensibilité, surtout proprioceptive, avant de pouvoir améliorer la
motricité. Seule la stimulation de la zone anesthésiée est efficace,
contrairement à la stimulation des muscles correspondants. Les paralysies ne
vont pas récidiver mai elle fera par la suite quelques crise non épileptiques.
Déficit Moteur et/ou Sensitif - Patient 4
Dominique Parain MD PhD
Historique
Cette patiente a présenté il y a 2 mois une fracture multiple du tibia droit qui
a nécessité une prise en charge chirurgicale. Lors de la rééducation, il a été
mis en évidence un déficit sensitif de la jambe droite associé à un déficit de
la force musculaire de la racine du membre (abducteurs, adducteurs, fessiers et
psoas), inexpliqué (électromyogramme normal) et empêchant la rééducation
motrice.
Description clinique
Lors de la consultation, elle marchait avec des cannes, car tout appui sur le
pied droit était interdit à cause de la fracture. Tout mouvement de la racine du
membre, abduction, adduction, antépulsion, rétropulsion était impossible et ne
se faisant que par l’intermédiaire d’un mouvement du bassin (voir vidéo 1). On
note plusieurs symptômes chez cette patiente permettant de poser le diagnostic
de SED.
Vidéo 1
Stimulation magnétique et évolution
Après la séance de stimulation magnétique large champ et périphérique, il y a eu
une récupération complète sensitivo-motrice. La patiente peut à nouveau
mobiliser normalement la racine du membre inférieur droit (voir vidéo 2). Il n’y
aura pas de récidive.
Vidéo 2
Commentaires
Cette histoire est caractéristique des paralysies fonctionnelles après un
traumatisme. Le déficit apparaît dans ou autour du même territoire que le
traumatisme. Il s’agit donc en quelque sorte d’une paralysie réflexe, le
traumatisme entraînant un trouble de la connectivité dans les réseaux cérébraux
correspondant, avec en retour un déficit neurologique autour de la zone
corporelle traumatisée. Cette histoire est par ailleurs, presque identique point
par point à celle décrite par Oliver SACKS, grand neurologue américain, qui,
dans son livre « sur une jambe », racontait une expérience personnelle
similaire. Il évoquait clairement un dysfonctionnement neuronal intracérébral à
l’origine du trouble et non un phénomène purement psychologique.